UN AN DEJA...
Un an déjà que tu t'es absenté pour partir de "l'autre côté du miroir".
Tu nous manques, papa...
Tu nous manques, papa...
Cet écrit entre dans le cadre du DEVOIR DE MEMOIRE
En cette annnée 1944,dans la France occupée, une ville, pas tout à fait libre non plus. La Cité est sous contrôle. A la tour St-Charles de Kerfeunteun, des S.S. ont élu domicile. Une petite fille entend, à la nuit tombée, les hurlements de douleur qui émanent des pierres. De nombreuses décennies après, elle s'en souvient encore. Elle n'oubliera jamais les cris, les silhouettes d'hommes jeunes encadrés par des hommes armés et le couvre-feu. Elle aura peur pour son père lorsqu'elle le verra s'attarder dans les rues.
A l'autre bout de la ville, dans un quartier populaire, une femme vaque à ses occupations de maîtresse de maison. Soudain elle entend frapper violemment à la porte. Elle se dirige vers celle-ci, l'ouvre, deux hommes en imperméables longs et sombres lui font face. D'emblée, ils l'interrogent sur son fils.
Il sera là dans un quart d'heure leur dit-elle. Elle n'a pas encore réalisé qu'elle avait affaire au diable...Les deux individus resteront sur une faim de loup.
Le gamin ne sera pas au rendez-vous. Le destin en aura décidé autrement. Une partie de cartes le sauvera.Prévenu à temps, il se réfugiera dans une ferme. Il y sera nourri, blanchi et continuera ses activités souterraines.
Ses copains d'enfance, ceux de la rue de la Providence, n'auront pas cette chance. Ils seront déportés dans les camps de la mort. Ils n'en reviendront pas, fauchés en pleine jeunesse, par le nazisme et sa folie.
Ils étaient tous résistants et avaient 17 ans.
A quinze minutes près, l'un d'entre-eux fut sauvé.Il ne comprendra jamais pourquoi le destin l'a choisi. Il aurait dû logiquement subir le même sort que les autres.Il en ressentira une grande culpabilité toute sa vie et la douleur immense d'avoir “perdu” les copains de sa rue… Un quartier populaire et ouvrier où les jeunes se retrouvaient.Ce résistant, à peine sorti de l'enfance, est mon père. La femme dont je parle dans ce récit est ma grand-mère. A 76 ans, elle avait toujours devant les yeux le visage des allemands venus “cueillir” son fils. Lorsqu'elle racontait cet évènement, une sueur froide la parcourait, à l'idée d'avoir livré de peu son enfant à la Gestapo.
Mon père a 87 ans aujourd'hui et n'a jamais oublié ces instants où tout aurait pu basculer.
Certains jours, je le sens, il rejoint par la pensée ses compagnons de jeunesse. C'est presque comme s'il leur demandait pardon : pardon d'être “le survivant” . Il ne comprend pas, cela échappe à son entendement. Un grain de sable dans un rouage lui a permis de continuer son chemin.Son heure n'était pas arrivée. Il avait autre chose à vivre et à construire.
La petite fille qui habitait près de la “Tour des Tortures” a rencontré le jeune résistant. Ils ont continué le chemin, ensemble, pour la vie…
Monique Louboutin
Auteur
Quimper
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Julie Louboutin Ce n'est pas la 1ère fois que je lis ton texte, et pourtant à chaque lecture, l'émotion m'envahit... il est tellement bien rédigé et puis, sans doute aussi parce qu'il me touche profondément et que sans "ces 15 minutes salvatrices", ni toi ni moi ne serions non plus de ce monde...brrr j'en ai la chair de poule...!
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