Les chemins
Je marche sur le chemin. Celui-ci traverse une forêt au souffle vert habitée par le chant des rouges gorges. Je poursuis inlassablement mes pas. Le sentier se courbe à l' approche de l' océan. Non qu'il baisse l'échine ! il épouse naturellement les criques sauvages bordées par les genêts. Il devient rectiligne, dépouillé, mystérieux, dans la lande piquée par les ajoncs.. Je continue d' aligner mes pas, l' un après l' autre, marcher encore marcher, même quand le vent rompt ses chaînes et les baleines de mon parapluie, que les grosses gouttes éclaboussent mon visage et mes cheveux. Prendre l' air, par tous les temps, ne rien lâcher. Il arrive aussi que le chemin s'éclaircisse jusqu'à devenir éblouissant. Les rayons du soleil balaient alors le sol pour le parer d'or. Humer à pleins poumons, se ressentir vivant, ne faire qu' un avec les éléments. Le chemin se raccourcit brusquement parfois, il devient voie sans issue. L'accepter, faire demi-tour, même si le paysage est beau, même si nous en prenons plein les yeux, plein le coeur. Emprunter une autre voie, sinueuse, touffue ou rectiligne, au choix. J'aime quand la mienne est vagabonde. Elle me conduit immanquablement à "la rêverie du promeneur solitaire" de Rousseau, lecture chérie de mes années étudiantes. La route peut aussi s' allonger quand les kilomètres se font lourds. Je ne l' aime pas celle-là, elle me fait perdre certains repaires. Elle échappe, d' une certaine manière, à mon contrôle. Quelques chemins m'étourdissent, ceux qui progressent, à nu, sous la poursuite des nuages. Certains lieux naturels sont tellement grandioses qu'ils en donnent le vertige. Notre vie est traversée de sentiers qui se croisent, s'entrecroisent, sous un ciel bleu, de granit ou de plomb. Elle est aussi notre chemin...
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