HISTOIRE DE FEMMES
BODRUM (1980)
La porte de ma chambre s'ouvre précipitamment. Une étudiante turque de mes connaissances entre dans la pièce sans frapper. Je me sens gênée car je porte une tenue légère. Elle jette un regard rapide à mes seins. Ma semi-nudité la renvoie à sa condition de femme.
Elle me dit cet homme, beaucoup plus âgé qu'elle, que sa famille lui impose et qu'elle n'aime pas.
J'entends sa peur et sa révolte.
En pensée, elle écarte violemment les barreaux de sa cage. S'envole alors son rêve en bleu. J'accueille celui-ci tandis que son âme se met à nu.
Elle devine que je peux la comprendre, que je ne la jugerai pas.
L'une et l'autre, malgré nos cultures et nos éducations différentes, savons ce que c'est d'être femmes. Nos mères, les mères de nos mères nous ont transmis ce savoir ancestral. Nous avons vu aussi notre corps se transformer. Nous avons épongé, à des milliers de kilomètres de distance, le sang chaud et poisseux de nos règles. Nous avons probablement rêvé notre avenir, recueillant, fenêtres ouvertes sur l'horizon, le souffle émanant du large.
Il lui est plus facile de se confier à une jeune fille occidentale.
Je peux simplement l'écouter en lui tenant la main. Je ne sais que faire pour l'aider. Elle ne me le demande d'ailleurs pas. Elle éprouve juste le besoin de crier son enfermement et de lire, en mon regard, un consentement.
Je ne sais ce qu'est devenu cette jeune fille. A-t-elle suivi le chemin que d'autres avaient tracé en son nom ... ?
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La porte de ma chambre s'ouvre précipitamment. Une étudiante turque de mes connaissances entre dans la pièce sans frapper. Je me sens gênée car je porte une tenue légère. Elle jette un regard rapide à mes seins. Ma semi-nudité la renvoie à sa condition de femme.
Elle me dit cet homme, beaucoup plus âgé qu'elle, que sa famille lui impose et qu'elle n'aime pas.
J'entends sa peur et sa révolte.
En pensée, elle écarte violemment les barreaux de sa cage. S'envole alors son rêve en bleu. J'accueille celui-ci tandis que son âme se met à nu.
Elle devine que je peux la comprendre, que je ne la jugerai pas.
L'une et l'autre, malgré nos cultures et nos éducations différentes, savons ce que c'est d'être femmes. Nos mères, les mères de nos mères nous ont transmis ce savoir ancestral. Nous avons vu aussi notre corps se transformer. Nous avons épongé, à des milliers de kilomètres de distance, le sang chaud et poisseux de nos règles. Nous avons probablement rêvé notre avenir, recueillant, fenêtres ouvertes sur l'horizon, le souffle émanant du large.
Il lui est plus facile de se confier à une jeune fille occidentale.
Je peux simplement l'écouter en lui tenant la main. Je ne sais que faire pour l'aider. Elle ne me le demande d'ailleurs pas. Elle éprouve juste le besoin de crier son enfermement et de lire, en mon regard, un consentement.
Je ne sais ce qu'est devenu cette jeune fille. A-t-elle suivi le chemin que d'autres avaient tracé en son nom ... ?
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