L' ESPACE INTERMEDIAIRE (THE MIDDLE GROUND)
En juillet 2014, dans un chalet isolé de la montagne catalane, entouré de jeunes venus de divers pays, l' homme qui encadrait notre groupe me demanda si je me sentais français. J' avais répondu naïvement que je me percevais à la fois Breton, Français et Européen. Cela surprit l' encadrant, pourtant aucune appartenance n' excluait l' autre, seul le temps de séjour dans un espace le différenciait de l' autre, quelques années, quelques mois, quelques semaines. Cette idée que
j' avais alors d' une appartenance multiforme était peut-être née de ma mobilité éducative et professionnelle.
Mon parcours scolaire, depuis mes premières années de lycée, pourrait témoigner de ma curiosité pour divers champs de savoir.
J' ai nourri mon esprit d' écoutes suivies d' Arte et de France Culture, pendant ces quelques années, afin d' appréhender la complexité et la richesse des sciences humaines françaises et étrangères.
J' ai voulu appréhender ma formation différemment en participant, à un chantier de fouilles en Espagne, via une association. J' ai rencontré là-bas d' autres jeunes venus
d' Europe, de Chine, du Mexique et de Taïwan. Par ailleurs, j' ai eu la chance de bénéficier du programme Erasmus, en 3ème année de licence, ce qui a développé chez moi un goût pour les langues étrangères. Je m' étais initié à l ' apprentissage de la langue arabe et avais décidé de voyager, en bus, jusqu' à Marrakech afin de découvrir un autre continent.
Cette expérience faisait écho à celle de ma mère qui avait voyagé, en bus, jusqu' en Turquie et y avait vécu, étant jeune, au début des années 1980.
Nous pouvions nous interroger sur les éléments de discontinuité entre notre ville habituelle et la périphérie de
l' Europe, sur les ruptures paysagères et culturelles qui marquaient un espace autre et au contraire l' amusant familier.
Cet intérêt pour le voyage m' a poussé à développer mes compétences en anglais, langue que je découvrais indispensable. Je suis alors parti, un été, à Londres, dans l 'espoir de travailler.
J' ai réussi à me nouer d' amitié avec un français qui m ' a guidé et permis d' entrer comme serveur dans des hôtels de luxe. L' exigence en langue était assez faible. J' ai alors baigné dans un monde autre, aux sensibilités différentes, notamment sur des questions géopolitiques, avec mes collègues
polonais qui étaient très nombreux.
Après ma licence, toujours désireux d' apprendre, je souhaitais, avant de pratiquer la recherche,
obtenir un statut professionnel et me suis donc dirigé vers un Master Enseignement.
Là, j' ai découvert la géographie académique qui m' a passionné et boosté mes résultats au concours
d' enseignant. Jeune enseignant, j' ai exercé pendant un an afin de terminer ma formation professionnelle. J' ai ensuite décidé, cette année, de préparer l' agrégation d' Histoire avant de me lancer dans la recherche scientifique.
Je cherchais alors un moyen de faire de la recherche tout en poursuivant ma découverte de l' étranger. Le College of Europe suscita mon intérêt en vue de la préparation d'un master d'un an.
Je crois que ma mobilité disciplinaire et géographique m' a apporté une certaine maturité et un regard critique rendu possible par la connaissance de l' existence d' autres formes intellectuelles et sociales.
Cependant, je sais aussi, que j' ai encore beaucoup à apprendre"...
C.
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