LA PORTE FERMEE
Ankara, ville construite dans le désert, est écrasée par une chaleur étouffante.
Je marche pieds nus sur le carrelage brûlant de l' appartement.
L' eau s' écoule péniblement du modeste robinet de la salle de bain.
J' en recueille, mains arrondies, la maigre et aquatique substance.
Face au miroir, j' esquisse un sourire. Quelques instants plus tôt, une femme turque m' a inondée de son rire en cascade. Elle m' a croisée dans le couloir de la bâtisse. Prise de soubresauts, le corps courbé, elle explosait d' éclats de rires colorés. En marchant, elle se retournait et laissait exprimer son exubérance. Celle d' une enfant qui découvre un monde inconnu, inattendu, incongru.
Nous nous sommes frôlées et estimées en nos différences. En 1980, la Turquie n' était pas encore ouverte au tourisme de masse.
Elle a aussi jeté un oeil rapide sur le jeune homme qui m' accompagnait.
Elle les connaissait bien lui et sa famille. Son regard malicieux en a dit long. La lueur dans le regard et le sourire ont été son langage.
Je revis cette rencontre dans le reflet du miroir quand le visage de C. s' imprime dans mon champ de vision. Il s' approche et me caresse doucement le bras. Il glisse négligemment un doigt sous la bretelle de ma robe, comme par inadvertance.
"Je vais faire des courses" me dit-il. C. désigne vaguement le lieu d' un mouvement de sa main.
J' ajuste ma jolie tenue en lin beige et me baisse pour attraper mes sandalettes. Soudain, j' entends un bruit de clé dans la porte. Je me précipite vers celle-ci et la trouve verrouillée.
Je me sens prise au piège, mise au rang de la femme voilée.
Je refuse cet état de fait. Mon corps entre en appel. J' ouvre la fenêtre et enjambe le parapet. Le sol, rassurant, me recueille et j' y imprime mon pas de femme libre.
Je cours sur le chemin, tous les sens acérés. Je l' aperçois, il me regarde avec surprise. J' impose ma présence. Il m' oppose son regard puis me saisit la main.
J' ai conquis les lieux, je me veux libre.
○○○○○○
Je marche pieds nus sur le carrelage brûlant de l' appartement.
L' eau s' écoule péniblement du modeste robinet de la salle de bain.
J' en recueille, mains arrondies, la maigre et aquatique substance.
Face au miroir, j' esquisse un sourire. Quelques instants plus tôt, une femme turque m' a inondée de son rire en cascade. Elle m' a croisée dans le couloir de la bâtisse. Prise de soubresauts, le corps courbé, elle explosait d' éclats de rires colorés. En marchant, elle se retournait et laissait exprimer son exubérance. Celle d' une enfant qui découvre un monde inconnu, inattendu, incongru.
Nous nous sommes frôlées et estimées en nos différences. En 1980, la Turquie n' était pas encore ouverte au tourisme de masse.
Elle a aussi jeté un oeil rapide sur le jeune homme qui m' accompagnait.
Elle les connaissait bien lui et sa famille. Son regard malicieux en a dit long. La lueur dans le regard et le sourire ont été son langage.
Je revis cette rencontre dans le reflet du miroir quand le visage de C. s' imprime dans mon champ de vision. Il s' approche et me caresse doucement le bras. Il glisse négligemment un doigt sous la bretelle de ma robe, comme par inadvertance.
"Je vais faire des courses" me dit-il. C. désigne vaguement le lieu d' un mouvement de sa main.
J' ajuste ma jolie tenue en lin beige et me baisse pour attraper mes sandalettes. Soudain, j' entends un bruit de clé dans la porte. Je me précipite vers celle-ci et la trouve verrouillée.
Je me sens prise au piège, mise au rang de la femme voilée.
Je refuse cet état de fait. Mon corps entre en appel. J' ouvre la fenêtre et enjambe le parapet. Le sol, rassurant, me recueille et j' y imprime mon pas de femme libre.
Je cours sur le chemin, tous les sens acérés. Je l' aperçois, il me regarde avec surprise. J' impose ma présence. Il m' oppose son regard puis me saisit la main.
J' ai conquis les lieux, je me veux libre.
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