LES PONTS
Venise plie sous une chaleur estivale.
Accoudée sur un de ses ponts, je mêle ma respiration à la sienne.
Venise, tout un cliché : la ville des amoureux et des gondoles, la place St-Marc, les pigeons, le carnaval et ses masques somptueux, les hôtels cossus et d' époque. Elle appartient à tout le monde et personne à la fois, s'échappant comme par magie.
Je m'y suis arrêtée, le temps d'une pause, avant de rejoindre par les voies buissonnières, la Yougoslavie, la Bulgarie puis la Turquie.
Venise que j'effleure du regard, espérant y revenir plus tard, pour en saisir pleinement le pouls.
Trente années se sont écoulées, je ne suis toujours pas retournée en ces lieux.
Nous avons tous « notre Venise », ce n'était sans doute pas la mienne.
Le vieux bus remonte à nouveau le temps, bouffant des kilomètres et des kilomètres de bitume avant d'atteindre l'envoûtante Constantinople.
Après le pont de Venise, celui de Galata s'offre à ma vue. Il enjambe joyeusement le Bosphore.
La vie grouille, colorée, entre les cannes à pêche et le marché aux poissons.
Un univers étrange à mes yeux d'occidentale. Je le dévore du regard. Sa singularité traverse mon âme.
Il est à la fois doux comme le miel et tranchant comme une lame.
Tous mes sens sont aux aguets.
A la nuit tombée, un poisson reposera, en toute simplicité, dans mon assiette.
J'ai toujours aimé les ponts.
Ils relient les rives entre-elles dans un accord plus ou moins harmonieux. Ils étirent aussi notre regard tout en ouvrant notre espace intérieur.
L'arrondi du pont de Venise, le bras géant de celui d'Istanbul et la passerelle invisible que j'emprunte. Elle me conduit à la montagne helvétique, celle d'hier et d'aujourd'hui.
J'ai de retour 15 ans. Je parcours, sac au dos, avec quelques jeunes de mon âge, les territoires d'Allemagne et de Suisse. Les tentes, sous le bruit des gamelles, se démontent et se remontent inlassablement. Chaque jour, je découvre, nous découvrons, de nouveaux lieux. Ils nous paraissent propres et carrés.
Je me souviens d'un feu de camp, de quelques membres de notre groupe égarés dans la montagne.
C'était en Forêt-Noire, Neil Armstrong venait d'effectuer ses premiers pas sur la lune. Nous étions scotchés au "petit écran" partagés entre l'admiration, l'émotion et la peur de l'inconnu. Nous étions Neil Armstrong...
L'homme venait de construire un pont invisible, extensible, entre la terre et l'espace.
Le pont, sur la première page de mon recueil, conçu et dessiné par Julie, l'échelle du temps et les retrouvailles inattendues avec la Suisse.
J'aime toutes ces constructions que les hommes ont portées pour que l'impossible devienne possible, pour que les rêves conçus deviennent réalité.
Un vieil homme traverse l'espace, entre ici et là-bas, il emprunte le chemin de l'autre rive. Son fils l'attend, la canne à pêche à la main. Ce soir de beaux poissons trôneront dans leurs assiettes.
Ils seront auréolés de lumière.
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Accoudée sur un de ses ponts, je mêle ma respiration à la sienne.
Venise, tout un cliché : la ville des amoureux et des gondoles, la place St-Marc, les pigeons, le carnaval et ses masques somptueux, les hôtels cossus et d' époque. Elle appartient à tout le monde et personne à la fois, s'échappant comme par magie.
Je m'y suis arrêtée, le temps d'une pause, avant de rejoindre par les voies buissonnières, la Yougoslavie, la Bulgarie puis la Turquie.
Venise que j'effleure du regard, espérant y revenir plus tard, pour en saisir pleinement le pouls.
Trente années se sont écoulées, je ne suis toujours pas retournée en ces lieux.
Nous avons tous « notre Venise », ce n'était sans doute pas la mienne.
Le vieux bus remonte à nouveau le temps, bouffant des kilomètres et des kilomètres de bitume avant d'atteindre l'envoûtante Constantinople.
Après le pont de Venise, celui de Galata s'offre à ma vue. Il enjambe joyeusement le Bosphore.
La vie grouille, colorée, entre les cannes à pêche et le marché aux poissons.
Un univers étrange à mes yeux d'occidentale. Je le dévore du regard. Sa singularité traverse mon âme.
Il est à la fois doux comme le miel et tranchant comme une lame.
Tous mes sens sont aux aguets.
A la nuit tombée, un poisson reposera, en toute simplicité, dans mon assiette.
J'ai toujours aimé les ponts.
Ils relient les rives entre-elles dans un accord plus ou moins harmonieux. Ils étirent aussi notre regard tout en ouvrant notre espace intérieur.
L'arrondi du pont de Venise, le bras géant de celui d'Istanbul et la passerelle invisible que j'emprunte. Elle me conduit à la montagne helvétique, celle d'hier et d'aujourd'hui.
J'ai de retour 15 ans. Je parcours, sac au dos, avec quelques jeunes de mon âge, les territoires d'Allemagne et de Suisse. Les tentes, sous le bruit des gamelles, se démontent et se remontent inlassablement. Chaque jour, je découvre, nous découvrons, de nouveaux lieux. Ils nous paraissent propres et carrés.
Je me souviens d'un feu de camp, de quelques membres de notre groupe égarés dans la montagne.
C'était en Forêt-Noire, Neil Armstrong venait d'effectuer ses premiers pas sur la lune. Nous étions scotchés au "petit écran" partagés entre l'admiration, l'émotion et la peur de l'inconnu. Nous étions Neil Armstrong...
L'homme venait de construire un pont invisible, extensible, entre la terre et l'espace.
Le pont, sur la première page de mon recueil, conçu et dessiné par Julie, l'échelle du temps et les retrouvailles inattendues avec la Suisse.
J'aime toutes ces constructions que les hommes ont portées pour que l'impossible devienne possible, pour que les rêves conçus deviennent réalité.
Un vieil homme traverse l'espace, entre ici et là-bas, il emprunte le chemin de l'autre rive. Son fils l'attend, la canne à pêche à la main. Ce soir de beaux poissons trôneront dans leurs assiettes.
Ils seront auréolés de lumière.
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