SOUS LA PLUIE
La pluie tombait à seaux et martelait les pavés italiens. Les arbres, place St-Corentin, s'alourdissaient sous les grains. L'oiseau éclaboussé fit retentir son cri. Penaud, il redressa vivement le bec avant de s'enfuir à tire d'ailes.
Marion allongea ses pas. Ses fines chaussures de ville prirent l'eau, elle ne s'en inquiéta pas, hypnotisée par l'envoûtant spectacle des gargouilles. Ces dernières semblaient cracher à outrance, sur les passants, tels de vilains garnements.
L'averse redoubla d'intensité comme s'il y avait prescription et urgence à nourrir le sol. Celui-ci, tel un buvard, absorbait immédiatement l'eau.
Marion accéléra son allure et rejoignit, en moins de deux, la jolie berge du Steïr. La rivière pétillait sous les gouttes de pluie. Marion y vit de la gaieté et s'en amusa un bref instant.
Quelques instants plus tard, elle engloba le ciel de son regard. Il était maintenant entièrement recouvert de granit. Ce qui lui conférait une certaine dureté. Il échappait, de ce fait, au mystère. Nulle grotte, nul canal, par lequel l'esprit pouvait s'engouffrer...
Marion s'en détourna et regarda droit devant elle. La passerelle et le pont venaient d'entrer dans son champ de vision. Ses prunelles chassèrent alors ce qu'il restait d'aspérité et s'adoucirent comme par enchantement.
A quelques mètres de là, les canards avaient rejoint la terre ferme. Ils s'étaient regroupés. Pelotonnés sur leur minuscule île, ils la teintaient de leur discrète présence. Ils attendaient les heures ensoleillées durant lesquelles, ils pourraient à nouveau, remonter la rivière.
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