Quimper, une nuit ordinaire
Place St- Corentin
Source : le Télégramme
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La nuit abaisse son rideau opaque sur la ville. Le ciel s'entrouvre à l'espace-temps et dévoile une multitude diamantée. Il a revêtu son manteau de fête, un habit qui rassure les âmes inquiètes. La lune, au-dessus de l' Odet, étire un sourire compatissant en direction du Roi Gradlon. Le vieil homme, emmuré pour toujours dans sa légende, siège au sommet de la Cathédrale en veillant sur la belle cité assoupie. Lorsque l'obscurité sera pleinement installée, il rejoindra par la magie de la pensée sa chère ville d' Ys. Sa colère et sa douleur de père exploseront face aux flots déchaînés et aux galets noircis. Seul, le silence, répondra aux tourments de son âme.
La nuit a maintenant pris possession des lieux. Elle impose son visage empreint d'étrangeté. Les gargouilles aux façades des maisons moyenâgeuses ajoutent une note diabolique à la scène. Dans les maisons, les corps assoupis ou exaltés vont rejoindre le territoire des rêves. La chaleur moelleuse de la couette les invitent à se retirer dans un monde unique et singulier. Chacun va rejoindre son port d'attache et son centrage.Doucement, la pensée se détache du corps alourdi pour s'envoler, hors du temps, vers des espaces inconnus. La vieille cité dort. Les corps, jeunes et anciens, se reposent.Les âmes s'enrichissent de voyages secrets. De temps en temps, des bruits épars parviennent à l'oeil intérieur : des chats courant la prétentaine, des fêtards qui crient, un klaxon de voiture qui retentit…
C'est une nuit ordinaire, un moment de la vie de tous les jours.
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