Je pourrais être cette femme-là

Je pourrais porter des bas noirs,
porte-jarretelles, robes du soir,
rehausser mes pieds, de talons,
un mètre soixante-dix-huit de long.

Je pourrais étirer mes yeux
me faire biche, qui dit mieux ?
Poser une mouche

en coin de bouche
qui serait l'appât
de la touche.
Je pourrais devenir ta reine
et ton fantasme sous les persiennes,

pour que tu m'entraînes dans ton lit

et me découvres dans ta vie.

Je pourrais devenir animale,
aiguiser mes dents, "Fleur du mal".
Kamasutra,  sur tous les tons,
pour que résonne ton caisson.

Je pourrais calquer mes désirs,

à tes désirs,
pour qu'ils conviennent à ton empire,
être la femme qui cartonne
la Bécassine n'est pas bretonne.

Je pourrais être cette femme là,
te conduisant à ton trépas,
te faire jouir, sous nos soleils,
à faire pâlir les yeux de celles.
Je pourrais ouvrir mon cerveau,
ses cases, tu remplirais de go,
y déposerais toutes tes envies,

je ne serais plus
la femme que tu fuies.
Je pourrais être,
la nuit s'en va,
la nuit se tire,
le jour est là,
mon corps s'étire.

Je pourrais être

mais je ne suis pas.

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