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Et même le vent n'en a soufflé mot, appréciations de lecteurs
et même le vent n'en a soufflé mot"
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LE TEMPS D' APRES
J’ai écrit le texte suivant en 2020, au moment où j’ai perdu, ADA, ma compagne à quatre pattes.
Cet écrit portait toute la douleur du manque et la tendresse infinie des années vécues ensemble. À l’époque, les mots étaient mon seul refuge face à l’absence, mon moyen de garder vivante sa présence.
Aujourd’hui, le temps a adouci la peine. Le vide laissé par son départ s’est transformé en mémoire silencieuse. Parfois, dans un rayon de soleil, dans le survol d’un papillon, je crois encore la voir gambader près de moi. Mon fils témoigne aussi de sa présence dans ses rêves, il la voit caracoler dans les champs revêtue de lumière.
En relisant ces lignes, j’ai voulu y ajouter une suite — le “temps d’après”, celui où la douleur se fait plus douce, où ne restent que les souvenirs heureux et l’amour partagé.
Souvenirs (Lettre à l' absente)
Tu étais petite, ton corps ne prenait pas beaucoup de place, mais tu laisses un vide immense dans la maison.
Celle-ci était pleine de toi, petit loup, cœur fidèle et aimant niché dans une boule de poils.
Tu as partagé notre vie durant quinze années.
Tu as tout bercé — nos moments de joie comme ceux de peine.
Je te revois, petit chat, me sautant dans les bras à ma sortie de l’hôpital, ta joie débordante après une semaine d’absence.
J’entends encore le bruit de tes pattes sur le parquet, tes aboiements heureux quand je rentrais à la maison, suivis de ta drôle de danse, ton quart d’heure de folie comme je le disais en riant.
Tout ce vide qui suit tout ce plein.
Ce silence qui nous traverse et nous poignarde en pleine âme.
Certains diront que tu n’étais qu’un animal, et ne comprendront pas le sentiment de perte ressenti.
Tu faisais partie de la famille, tu étais de tous nos voyages.
Je me souviens d’un trajet vers nos ailleurs, où tu n’étais pas la bienvenue dans les hôtels et pensions.
Je revois cette nuit où nous avons préféré dormir à même le sol, sous une toile de fortune, avec toi près de nous — plutôt que de te laisser seule dans le véhicule.
Ton absence nous fait mal, et pique nos joues salées.
Viendront sans doute des temps meilleurs, où ne resteront que les beaux moments partagés, la joie de t’avoir connue et aimée, et de t’avoir respectée comme une âme à part entière dans un corps animal.
Le temps d’après
Aujourd’hui, je suis pleine de tristesse.
Je contemple ce coin de terre teinté par le soleil et quelques galets colorés… et je te vois bondir dans l’herbe, sous le vieux cerisier.
Je n’étais pas encore prête pour le temps d’après.
Cela fait maintenant plusieurs années que j’y suis.
Le manque s’est adouci, il a pris la forme d’une présence silencieuse.
Parfois, dans le survol d’un papillon qui traverse le salon, je crois te voir encore, légère et libre, venir me dire que tout va bien.
Mahmoud Chaid m'a fait l'honneur et l'amitié de mettre en musique et d'interpréter "Roses rouges pour toujours".
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